La perception de l’intelligence varie considérablement entre les individus, mais des études montrent que les hommes ont tendance à surestimer leurs capacités intellectuelles plus fréquemment que les femmes. Ce phénomène, souvent désigné comme « l’arrogance masculine », est en opposition à « l’humilité féminine » et pourrait avoir des répercussions importantes sur la motivation, les choix éducatifs et la réussite. Une étude menée par David Reilly, psychologue à l’Université Griffith en Australie, explore les facteurs derrière cette disparité d’auto-estimation.
Pas de différence de QI, mais une perception biaisée
Les recherches confirment qu’il n’existe pas de différence significative entre les hommes et les femmes en termes de QI réel. Les différences cognitives, lorsqu’elles apparaissent, concernent des aptitudes spécifiques, comme les tâches verbales, spatiales ou visuelles. Malgré cette égalité sur le plan des capacités mesurées, les hommes tendent à s’attribuer des scores plus élevés que les femmes lorsqu’ils estiment leur propre intelligence.
Cette surestimation masculine a été observée dans des études à travers des cultures, des âges et des contextes variés. Les femmes, à l’inverse, montrent une plus grande modestie dans l’évaluation de leurs compétences intellectuelles, une tendance qui peut influencer leurs ambitions et leur confiance en elles, notamment dans des domaines traditionnellement masculins comme les sciences ou l’ingénierie.
Les biais cognitifs en jeu
L’auto-estimation de l’intelligence est soumise à plusieurs biais cognitifs qui façonnent notre perception :
- L’effet supérieur à la moyenne : ce biais conduit les individus à se considérer meilleurs que la moyenne dans les domaines valorisés socialement, comme l’intelligence.
- L’estime de soi : les personnes ayant une haute estime de soi ont tendance à se percevoir comme plus compétentes. Les hommes affichant souvent une estime de soi plus élevée que les femmes, cela influence directement leur perception de leur intelligence.
Ces différences d’estime de soi apparaissent dès l’adolescence, renforcées par des stéréotypes de genre qui attribuent des traits comme la confiance et la compétitivité aux hommes, et la modestie ou la prudence aux femmes.
L’impact des croyances parentales et environnementales
Les croyances parentales jouent un rôle déterminant dans la formation de l’estime de soi et de la perception des capacités intellectuelles des enfants. Une étude britannique de 1998 a montré que les parents tendaient à estimer le QI de leurs fils plus élevé que celui de leurs filles. Ce biais parental, transmis de génération en génération, peut influencer la manière dont les enfants perçoivent leurs propres compétences et, par extension, leurs ambitions scolaires et professionnelles.
Les attentes parentales ont donc un impact direct sur la confiance des enfants, notamment dans des domaines où les stéréotypes sexistes restent prédominants.
Sexe psychologique et auto-estimation
L’étude dirigée par Reilly a examiné le rôle du « sexe psychologique », une notion qui dépasse le genre biologique pour inclure des caractéristiques associées à la masculinité ou à la féminité. Les participants, recrutés parmi des étudiants universitaires, ont estimé leur propre QI avant de passer un test de QI standardisé (le Cattell Cultural Fair IQ Test).
Les résultats ont révélé une auto-estimation moyenne de 107,55 points, légèrement au-dessus de la moyenne réelle attendue. Ce score reflète non seulement l’influence des stéréotypes de genre, mais aussi celle des traits psychologiques masculins ou féminins adoptés par les participants, indépendamment de leur sexe biologique.
Une question de perception, pas de capacité
Cette étude rappelle que les différences de perception de l’intelligence ne reflètent pas une réalité biologique, mais résultent de biais cognitifs, de stéréotypes sociaux et de croyances inculquées dès l’enfance. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour encourager des environnements éducatifs et professionnels où la confiance en soi et la valorisation des compétences ne sont pas influencées par le genre.
L’objectif n’est pas de niveler les perceptions, mais de sensibiliser les individus et les institutions à ces biais, afin de permettre à chacun d’exploiter son plein potentiel sans les limitations imposées par des croyances ou des attentes culturelles.