En visite à Bucarest pour un prochain entretien sans réserve avec la star roumaine.
Le comédien Neal Brennan explique pourquoi les athlètes d'élite présentent une santé mentale de sous-élite. Lorsque vous existez sur votre propre plan, votre relation avec la réalité est ténue. Le tir compétitif de Michael Jordan à cinq alarmes était un thème central de La dernière dance. Brennan plaisante sur la constitution mentale des gymnastes qui se suspendent dans les airs tout en portant un maillot de bain à paillettes. (Ses paroles.) Et ne le lancez pas sur Tiger Woods.
La blague tombe cependant à plat si l’on considère Simona Halep. Même si elle s'est hissée au premier rang et a remporté deux tournois majeurs, notamment en détruisant Serena Williams lors de la finale de Wimbledon 2019, Halep a toujours été si férocement normale. Toute consciente et consciente d'elle-même, modeste de stature et modeste d'estime de soi, elle scrutait comme l'une des nôtres.
Ce qui a rendu son interdiction de dopage en 2022 encore plus déroutante. Vous travaillez à vos risques et périls lorsque vous spéculez sur les athlètes qui prennent ou non des PED. Mais, plus que tout, Halep n'était-il pas trop rationnel pour risquer autant de dommages à sa réputation – et une suspension – pour quelques victoires supplémentaires ?
Prend-elle encore des suppléments ? Oui, étonnamment. Aime-t-elle revenir à la compétition ? Oui. Se voit-elle gagner plusieurs majors ? Peut être pas.
À la fin de l’été 2022, Halep a été testée positive au Roxadustat, parfois appelé « oxygène dans une pilule ». Elle a catégoriquement clamé son innocence. Le mois dernier, l'interdiction de quatre ans de Halep a été considérablement commuée après un appel réussi, un panel concluant que la prépondérance des preuves étayait sa conviction qu'un supplément était contaminé et qu'elle ne s'était pas dopée intentionnellement.
Sa peine a été considérablement réduite à neuf mois. Mais comme elle n’avait plus joué au tennis depuis 15 mois, elle était immédiatement éligible pour y revenir.
Pourtant, elle est suffisamment réaliste pour reconnaître la nécessité de limiter les dégâts et que sa réputation avait besoin d’être réparée. Elle réalise qu’il y aura toujours un secteur qui pourrait l’associer à une violation du dopage (d’autant plus au tennis, où les joueurs sont strictement responsables de ce qui entre dans leur corps). Mais elle sait aussi que l’on ne retrouve pas sa réputation en se cachant.
C'est donc un jeudi du début du printemps que je me suis envolé pour Bucarest pour rencontrer Halep dans un club de tennis chic construit et détenu par un autre membre de la royauté du tennis roumain, Ion Tiriac. Je suis venu l'interroger sur son calvaire. Aucune condition préalable n’a été posée à l’entretien. Elle voulait juste donner sa version des faits, partager sa réalité. Et elle a le sentiment indubitable qu’elle doit à la République du Tennis une explication responsable – une explication qu’elle est heureuse de fournir.
Elle est arrivée dans un SUV. Elle est venue avec des raquettes. Elle n'est pas venue armée de notes, de points de discussion, de déclarations juridiques ou d'un gestionnaire. Elle a passé une heure à répondre à toutes les questions et à n’en éluder aucune.
Est-elle toujours en colère contre un système qui, selon elle, lui fait défaut ? Oui. Y a-t-il eu des moments où elle a simplement envisagé d’arrêter ? Oui. Est-elle en colère contre son ancien entraîneur, Patrick Mouratoglou, qui lui a recommandé et obtenu les suppléments ? Non. Prend-elle toujours des suppléments ? Oui, étonnamment. Aime-t-elle revenir à la compétition ? Oui. Se voit-elle gagner plusieurs majors ? Peut être pas. Préférerait-elle parler de coups droits, de revers et de matchs ? Oui. Mais elle connaît la réalité à l'heure actuelle.
Halep a 32 ans maintenant. Son classement est pratiquement inexistant. (N° 1 144, pour être précis.) Même si elle est restée en forme physique pendant son absence, elle manque de rythme et de match play. Elle sait – encore une fois, avec réalisme – qu’elle devra compter sur la gentillesse des jokers pour que ce retour démarre. Mais elle sera là-bas. Elle affrontera ses adversaires. Elle fera face à ses questions. Elle va se confronter à sa réalité. Elle avancera.