À l’heure où la transparence sur l’origine et la composition des produits est devenue un critère majeur pour bon nombre de consommateurs, une nouvelle analyse attire l’attention sur un produit souvent perçu comme convivial et anodin : la bière. Une enquête menée sur le marché français révèle que certaines marques, y compris parmi les plus populaires, présentent des résidus de pesticides, dont le tristement célèbre glyphosate.
Ce constat provient d’un test portant sur 45 références de bières, blondes et blanches, incluant aussi bien des marques industrielles que des productions plus modestes. Et les résultats ont de quoi faire réfléchir.
Trois bières sur quatre contiennent des traces de pesticides
L’étude a recherché la présence de 250 substances chimiques dans les échantillons analysés. Verdict : environ 75 % des bières testées contiennent au moins un résidu de pesticide, parfois plusieurs. Ce taux élevé concerne aussi bien les produits d’entrée de gamme que ceux vendus à un prix plus élevé, démentant l’idée reçue selon laquelle le coût garantit nécessairement une meilleure qualité sanitaire.
Le glyphosate, herbicide massivement utilisé dans l’agriculture conventionnelle, a été détecté dans la majorité des références analysées. Sa présence, même à faible dose, rappelle l’ampleur de sa dispersion dans l’environnement — depuis les cultures d’orge ou de houblon jusqu’à la boisson elle-même.
Quelles marques sont concernées ?
Sans surprise, toutes les bières ne sont pas logées à la même enseigne. Voici ce que révèle l’enquête :
Bières sans résidus détectés :
Parmi les 11 bières entièrement exemptes de pesticides, on retrouve plusieurs grandes marques. 33 Export, Carlsberg et Heineken Lager Beer s’illustrent par une absence totale de résidus dans les analyses menées. Ces références constituent donc un choix plus sûr pour ceux qui cherchent à limiter leur exposition.
Bières les plus contaminées :
En revanche, certaines marques se démarquent par une teneur plus élevée en glyphosate, notamment :
- Affligem blonde
- Hoegaarden
- Itinéraire des Saveurs
Ces marques, bien connues du grand public, figurent parmi celles où les résidus détectés dépassent la moyenne observée.
Un danger réel pour la santé ?
À ce stade, les niveaux de glyphosate retrouvés restent très faibles, bien en dessous des limites réglementaires fixées par les autorités sanitaires. Pour atteindre la dose journalière admissible (DJA), il faudrait, selon l’étude, ingérer plus de 2 000 litres de bière par jour. Autant dire que le danger immédiat est inexistant pour un consommateur moyen.
Mais la question ne se limite pas à une simple évaluation quantitative. Le glyphosate, classé comme “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 2015, fait l’objet de nombreuses controverses. Certaines études l’associent également à des effets perturbateurs endocriniens ou à des impacts environnementaux durables.
Vers une consommation plus éclairée
Ce type de données souligne l’importance d’une vigilance accrue sur la chaîne de production, y compris pour des produits aussi courants que la bière. Pour les consommateurs soucieux de limiter leur exposition aux pesticides, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Privilégier les marques affichant des engagements qualité ou des certifications bio ;
- S’informer sur les pratiques agricoles des producteurs de houblon et d’orge ;
- Diversifier les marques et les styles pour réduire l’exposition répétée à une même source.
En conclusion : faut-il s’inquiéter ?
Pas de panique inutile : boire une bière occasionnellement, même issue d’une marque concernée, ne présente pas de risque immédiat pour la santé. Mais cette étude rappelle que la contamination chimique est omniprésente, parfois là où on ne l’attend pas. Elle alimente un débat plus large sur la transparence des procédés de fabrication, les pratiques agricoles en vigueur, et les choix alimentaires plus éclairés.
Comme toujours en matière de consommation, l’information reste la meilleure alliée du discernement. Et face à une offre aussi large, il appartient à chacun de trouver le bon équilibre entre plaisir, accessibilité… et exigence de qualité.