Régimes : la cause de l’effet yoyo a enfin été identifiée

Perdre du poids rapidement est un objectif recherché par de nombreuses personnes. Toutefois, beaucoup d’entre elles se retrouvent à reprendre une partie du poids perdu, voire l’intégralité, après quelques mois. Ce phénomène, souvent appelé effet yo-yo, semble avoir des origines biologiques bien plus complexes qu’une simple question de volonté. Une étude récente met en lumière un acteur majeur de ce processus : les cellules du tissu adipeux, qui conservent une véritable « mémoire » de l’obésité.

La mémoire du corps : un phénomène biologique

La perte de poids est souvent perçue comme un moyen de protéger sa santé, au-delà des préoccupations esthétiques. Cependant, malgré des régimes stricts ou même des interventions chirurgicales, la majorité des personnes en surpoids ou en obésité ont tendance à reprendre les kilos perdus. Ce mécanisme semble être causé par des facteurs physiologiques que l’on ne peut pas contrôler facilement.

En 2023, des chercheurs ont observé, chez la souris, une activation d’une partie du cerveau en réponse à une perte de poids rapide. Ce phénomène avait pour effet d’augmenter l’appétit, facilitant ainsi la prise de poids. Une étude plus récente, menée par des chercheurs suisses, a ajouté une autre explication : le tissu adipeux lui-même semble conserver une mémoire épigénétique de l’obésité, ce qui favoriserait le retour à un état de surpoids.

L’impact des dérégulations génétiques

Les scientifiques ont étudié des biopsies de tissu adipeux provenant de personnes obèses avant et après une chirurgie bariatrique (une intervention réduisant la taille de l’estomac). Les résultats ont montré que, même deux ans après l’opération, des dérégulations génétiques subsistaient, particulièrement dans les adipocytes, les cellules spécialisées dans le stockage des graisses. Ces dérégulations affectent des gènes responsables du métabolisme des graisses et de l’inflammation, favorisant un environnement propice à la reprise de poids.

Chez les souris, un régime alimentaire riche en graisses pendant plusieurs semaines a entraîné des changements similaires au niveau génétique dans le tissu adipeux. Après être retournées à un régime alimentaire normal, ces souris ont perdu leur excès de poids, mais des anomalies persistaient, notamment au niveau de l’intolérance au glucose et de l’élévation des niveaux d’insuline, signes d’un métabolisme encore perturbé.

Une mémoire épigénétique des cellules graisseuses

Les modifications épigénétiques observées dans le tissu adipeux ont une grande importance. Ces modifications régulent l’expression des gènes en activant ou en inhibant certaines parties de l’ADN. Chez les souris ayant perdu du poids après une période d’obésité, ces changements épigénétiques étaient identiques à ceux des souris toujours obèses. Ce phénomène est responsable de l’effet de mémoire du tissu adipeux, qui agit comme si le corps était encore en surpoids.

Cela a des conséquences importantes. Les adipocytes des souris ayant perdu du poids consomment plus de glucose et d’acides gras que ceux des souris qui n’ont jamais été obèses. De plus, si ces souris sont à nouveau exposées à un régime riche en graisses, elles reprennent du poids plus rapidement que celles qui n’ont jamais été obèses. En résumé, la mémoire du tissu adipeux joue un rôle central dans l’effet yo-yo, facilitant le retour à un état de surpoids.

Conclusion

Cette étude apporte un éclairage fascinant sur les mécanismes biologiques à l’origine de l’effet yo-yo. La mémoire épigénétique des adipocytes semble être un facteur clé dans la reprise de poids après une perte rapide. Cette découverte souligne l’importance d’éviter le surpoids pour prévenir ce phénomène et pour garantir une gestion du poids à long terme. Au-delà des régimes à court terme, il est essentiel de maintenir un mode de vie équilibré pour éviter que ces mécanismes biologiques ne nous rattrapent.