Plus qu’un nom, plus qu’une marque, Patrick Mouratoglou est une figure incontournable dans le monde raffiné du tennis professionnel. Depuis plus de 20 ans, Mouratoglou ne cesse de se réinventer en tant qu’entraîneur, mais ses réalisations vont bien au-delà. Son vaste CV comprend des rôles de dénicheur de talents, consultant TV et entrepreneur. À 53 ans, ce Français semble omniprésent dans l’univers du tennis.
L’adaptabilité : une clé de la réussite
Patrick Mouratoglou ne se limite pas à une seule approche. En tant que fondateur de la plus grande académie de tennis d’Europe, avec un palmarès de coaching impressionnant et une importante présence sur les réseaux sociaux, il n’est pas surprenant qu’il soit particulièrement éloquent lorsqu’il décrit ce que signifie être entraîneur de tennis en 2024.
« Être entraîneur ne consiste pas seulement à mener des séances d’entraînement. Il s’agit de permettre aux joueurs d’exploiter 100 % de leur potentiel », explique-t-il. « Le rôle de l’entraîneur est d’être un caméléon. Il doit s’adapter à la personne en face de lui car chacun est complètement différent. »
Chaque joueur a sa propre histoire, son caractère et ses ambitions. Il n’existe pas de méthode Mouratoglou universelle, pas de séances d’entraînement copiées-collées, ni de discours préfabriqués. « J’ai entraîné Serena (Williams) d’une manière complètement différente de Simona Halep, deux joueuses qui avaient toutes deux environ 30 ans, toutes deux anciennes numéro un mondial, mais avec des histoires et des personnalités complètement différentes. »
La quête de la victoire
Pour Mouratoglou, avoir un esprit compétitif est tout aussi important que n’importe quel avantage technique ou physique qu’un joueur peut posséder. « C’est un sport extraordinairement mental. Les titres du Grand Chelem se gagnent grâce à la personnalité. Quelle est la personnalité de mon joueur ? Ont-ils une personnalité adaptée à la victoire en Grand Chelem ? » s’interroge-t-il.
Certains entraîneurs de tennis excellent dans le développement du potentiel des joueurs, d’autres sont habiles à revitaliser les champions qui ont perdu leur chemin. Mais pour Mouratoglou, l’objectif est clair : se concentrer sur la victoire, sur les titres et le désir de marquer l’histoire.
L’académie Mouratoglou : un incubateur de talents
Le nom de Mouratoglou est bien connu dans le monde du sport, en partie grâce au succès de son académie de tennis. Située à Sophia-Antipolis, sur la Côte d’Azur, la Mouratoglou Academy est un centre sportif dédié à développer le potentiel des jeunes talents les plus prometteurs.
« Nous avons une installation qui est probablement la meilleure d’Europe en termes d’infrastructure, d’espace et de localisation », admet-il. Inspiré par l’académie de Nick Bollettieri, Mouratoglou voulait offrir aux jeunes joueurs une carrière qu’il n’avait jamais eue. « Je voulais offrir aux jeunes la chance que je n’ai pas eue lorsque j’avais 15 ou 16 ans, quand j’étais un très bon joueur de tennis avec des ambitions de devenir professionnel. »
La collaboration avec Serena Williams
Peut-être la phase la plus importante de la carrière de Mouratoglou est-elle sa collaboration avec Serena Williams. Leur relation étroite reposait sur une vision partagée du sport. « Nous avons beaucoup de points communs en ce qui concerne notre vision de ce sport et de la compétition », explique-t-il. « Je pense être la personne qui la connaît le mieux. En fait, c’est ce qu’elle me dit, et elle est aussi l’une des personnes qui me connaît le mieux. »
Avec Williams, Mouratoglou a connu l’excellence quotidienne et a formé une joueuse qui comptait déjà 13 titres du Grand Chelem à son palmarès. Sous sa houlette, elle a rapidement retrouvé confiance et a remporté Wimbledon, l’or aux Jeux Olympiques de Londres 2012, l’US Open et les WTA Finals.
L’évolution du tennis et le rôle des données
Le tennis professionnel a changé par rapport à celui d’il y a quelques décennies, et il continuera à évoluer. Mouratoglou a créé l’UTS pendant la pandémie de COVID-19, une expérience de coaching qu’il estime plus en phase avec la manière dont il aimerait que le tennis évolue. « Les moments de coaching font partie de l’histoire du sport », dit-il. « Ils peuvent être inspirants et excitants, et je trouve regrettable de priver le public de ces moments. »
Aujourd’hui, les données et les statistiques jouent un rôle beaucoup plus influent dans le monde du tennis. « Je ne comprends même pas comment on peut être contre les données. Elles nous donnent des informations tangibles. L’œil a ses limites, et les données permettent souvent de voir au-delà de ce que nos yeux peuvent percevoir. »
En dépit des nombreuses directions que pourrait prendre le tennis dans les années à venir, Mouratoglou conserve la même ambition qu’il a toujours eue : « En ce qui me concerne, j’espère être sur un court du circuit professionnel avec un joueur qui joue pour les titres du Grand Chelem. Gagner est toujours l’objectif. »